Вручение июнь 2022 г.

Страна: Франция Место проведения: город Сен-Бриак-сюр-Мер, Бретань Дата проведения: июнь 2022 г.

Премия «Золотая водоросль»

Лауреат
Yamen Manai 0.0
Je revenais du collège quand j’ai rencontré Bella. Une après-midi de novembre, morose. Un garçon triste, chétif, une tête à claques, la tête baissée, la peur qui habite ses tripes, et parfois, l’envie d’en finir. On n’imagine pas ce que ressent un enfant quand il faut qu’il se fasse encore plus petit qu’il n’est, quand il n’a pas droit à l’erreur, quand chaque faux pas prend un air de fin du monde. Mais en l’entendant, ce jour-là, j’ai redressé le menton.

Yamen Manai nous conte avec fougue le cruel éveil au monde d’un adolescent révolté par les injustices. Heureusement, il a Bella. Entre eux, un amour inconditionnel et l’expérience du mépris dans cette société qui honnit les faibles jusqu’aux chiens qu’on abat « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ».

Mais la rage est déjà là.
Simonetta Greggio 0.0
« Qu’est-ce qui m’a poussée, jeune fille, à abandonner mes proches, ma maison, ma langue maternelle ?
Pourquoi ai-je laissé derrière moi mes amis, mes petits frères, ma mère, mon pays ?
Qu’est-ce qui fait qu’un homme tendre comme mon père est devenu un monstre, à un moment donné ?
Quel est ce mal qui m’a rongée jusqu’à presque en crever ?
Cela s’appelle Italie : ma douleur, mon amour, ma patrie.
Un pays qui n’a pas fait les comptes avec le fascisme dont il fut l’inventeur.
Un pays comme une famille, plein de secrets - bruyants, destructeurs, meurtriers. »

Après Dolce Vita 1959-1979 et Les Nouveaux Monstres 1978-2014, Simonetta Greggio poursuit son « autobiographie de l’Italie ». Pour la première fois, elle raconte l’histoire de sa famille, de ses parents, et la sienne. À la violence intime répondent les années sombres et rouges de l’Histoire.
Yasmine Khlat 0.0
Un couvent perdu dans la montagne libanaise, au bord d'une vallée bleue. La beauté brumeuse de l'automne. Le passage feutré des religieuses dans les couloirs. Le groupe compact des séminaristes sous les voûtes du réfectoire. Et ce huis clos chuchoté entre deux femmes : l'énigmatique Hortense Zemina, charmante sociologue d'un "certain âge" et son perroquet, Onyx, éclaboussant l'air de petites plumes duveteuses ; et Claire, sa jeune et fougueuse assistante, recrutée sur petites annonces.
Ensemble elles tentent d'élucider le mystère de la répétition du suicide au sein d'une même famille, objet de cette thèse de sociologie obsédante sur laquelle elles travaillent et autour de laquelle elles se rapprochent et s'opposent. Car Claire ne veut pas en démordre - « Quelqu'un est en danger ».
Em
Ким Тхюи 4.5
Kim Thúy's Em is a mesmerizing novel of profound power and tenderness, and an affirmation of the greatest act of resistance: love.

In the midst of war, an ordinary miracle: an abandoned baby tenderly cared for by a young boy living on the streets of Saigon. The boy is Louis, the child of a long-gone American soldier. Louis calls the baby em Hồng, em meaning little sister, or beloved. Even though her cradle is nothing more than a cardboard box, em Hồng's life holds every possibility.

Through the linked destinies of a family of characters, the novel takes its inspiration from historical events, including Operation Babylift, which evacuated thousands of biracial orphans from Saigon in April 1975, and the remarkable growth of the nail salon industry, dominated by Vietnamese expatriates all over the world. From the rubber plantations of Indochina to the massacre at My Lai, Kim Thúy sifts through the layers of pain and trauma in stories we thought we knew, revealing transcendent moments of grace, and the invincibility of the human spirit.
Dimitri Bortnikov 0.0
Au nord de la Russie, au bord de la mer Blanche, Maria, une jeune infirme, née au lendemain de la Révolution, apprend à survivre. Au fil des années, ballotée de région en région, elle s’illustre par son courage. Après la perte de ses êtres chers, elle se retrouve à Léningrad dont elle affronte le blocus par les forces nazies avec abnégation. En charge de douze orphelins, elle mettra tout en œuvre pour les protéger jusqu’à se sacrifier pour les sauver de la famine et de la mort.

Dimitri Bortnikov nous livre ici un roman magistral, où la trace de l’intime rejoint celle de la grande Histoire.
Giuseppe Santoliquido 0.0
"La vie se gagne et se regagne sans cesse, à condition de se convaincre qu'un salut est toujours possible, et de se dire que rien n'advient qui ne prend racine en nous-mêmes". Italie, la Basilicate, été 2005. Alors que le village de Ravina est en fête, Chiara, quinze ans, se volatilise. Les villageois se lancent à sa recherche ; les jours passent, l'enquête piétine : l'adolescente est introuvable. Une horde de journalistes s'installe dans une ferme voisine, filmant le calvaire de l'entourage. Le drame de ces petites gens devient le feuilleton national. Des années après les faits, Sandro, un proche de la disparue, revient sur ces quelques mois qui ont changé à jamais le cours de son destin. Roman au suspense implacable, L'été sans retour est l'histoire d'une famille maudite vivant aux marges du monde, confrontée à des secrets enfouis et à la cruauté obscène du cirque médiatique.
Метин Ардити 0.0
Acre, quartier juif, 1078. Avner, qui a quatorze ans, pêche avec son père. À l’occasion d’une livraison à un monastère, son regard tombe sur une icône. C’est l’éblouissement. « Il ne s’agit pas d’un portrait mais d’un objet sacré, lui dit le supérieur du monastère. On ne peint pas une icône, on l’écrit, et on ne peut le faire qu’en ayant une foi profonde ».

Avner n’aura de cesse de pouvoir « écrire ». Et tant pis s’il n’a pas la foi, il fait comme si, acquiert les techniques, apprend les textes sacrés, se fait baptiser, quitte les siens. Mansour, un marchand ambulant musulman, le prend sous son aile. C’est l’occasion d’un merveilleux voyage initiatique d’Acre à Nazareth, de Césarée à Jérusalem, puis à Bethlehem, jusqu’au monastère de Mar Saba, en plein désert de Judée, où Avner reste dix années où il devient l’un des plus grands iconographes de Palestine.

Refusant de s’astreindre aux canons rigides de l’Eglise qui obligent à ne représenter que Dieu et les saints, il ose reproduire des visages de gens de la vie ordinaire, cherchant dans chaque être sa part de divin, sa beauté. C’est un triomphe, c’est un scandale. Se prend-il pour un prophète ? Il est chassé, son œuvre est brûlée. Quel sera le destin final d’un homme qui a osé défier l’ordre établi ?

Le roman de l’artiste qui, envers et contre tous les ordres établis, tente d’apporter de la grâce au monde.
Beyrouk 0.0
C'est l'histoire d'une course éperdue contre des passions impossibles. Un jeune homme tourmenté s'enfuit et rejoint un ami parti accompagner quelques touristes dans le Sahara. Parcourant l'immensité brûlante et les anciennes cités des sables, le héros tente de se délester des images qui le poursuivent : un premier amour déçu, le rictus affreux d'une femme qui l'a trop aimé, un père honni par la société – mais était-il vraiment coupable ? Seule la tendre attention des enfants, lorsque le soir venu il s'improvise conteur, console son errance.
Tour à tour enquête policière, émouvante introspection, conte contemporain, ce roman nous emporte aux confins du désert, dans un décor majestueux. Portée par l'écriture singulière et poétique de Beyrouk, grand écrivain mauritanien, c'est aussi une ode à la beauté de la nature et à l'écoute des autres.
Луи-Филипп Далембер 0.0
Depuis qu’il a composé le 911, le gérant pakistanais de la supérette de Franklin Heights, un quartier au nord de Milwaukee, ne dort plus : ses cauchemars sont habités de visages noirs hurlant « Je ne peux plus respirer ». Jamais il n’aurait dû appeler la police pour le billet de banque suspect que lui a tendu dans la pénombre un type grand et baraqué pour régler son paquet de cigarettes, même si c’est la loi. S’il avait pris le temps de réfléchir, et s’il avait reconnu l’ancienne gloire locale du football américain, il se serait évidemment abstenu. La règle, quand on est musulman, et pas dupe de ce qui se passe entre la police et les noirs, c’est plutôt de ne pas s’attirer d’ennuis. Mais il est trop tard, et c’est par les medias du monde entier que lui a été révélée l’identité de son client de passage, de même que les détails de sa mort atroce, étouffé par le genou d’un flic à la tête de Kojak.

La figure d’Emmett, l’homme assassiné, va se dessiner à travers les différentes voix qui s’élèvent tour à tour, succédant au monologue tourmenté du commerçant. Son ancienne maîtresse d’école, accablée en apprenant le décès d’une nouvelle victime de la violence policière et raciste, reconnaît avec stupeur dans le visage apparu à l’écran les traits du gamin grassouillet et empoté qu’elle avait pris sous son aile. Il l’avait vite attendrie, dans cette école du ghetto noir où elle avait préféré enseigner plutôt que dans le quartier propret de ses origines. À quoi ont donc servi tous les combats menés dans les années soixante et soixante-dix ? se demande-t-elle désormais. Authie, l’amie d’enfance d’Emmett, née comme lui en 1975, ainsi que Stokely, le copain dealer, se souviennent du trio inséparable qu’ils formaient – on les appelait les trois mousquetaires – jusqu’à ce qu’Emmett parte étudier ailleurs. Enfant élevé par une mère très pieuse, après que le père, chassé par la désindustrialisation, eut quitté la ville pour ne plus y revenir, il n’a jamais cédé à l’argent facile, malgré les difficultés matérielles. Bon gars, dont Authie – qu’il surnommait « Shorty », sa sister – a toujours été un peu amoureuse, il filait droit, tout à sa passion pour le football.

C’est sans doute son talent pour ce sport qui lui a permis d’obtenir la bourse d’une université du Sud-Ouest pour un cursus d’informatique, même s’il n’avait jamais brillé en mathématiques. Mais intégrer une équipe universitaire lui permettrait, du moins l’espérait-il, de passer professionnel. Là-bas, son coach l’accueille comme un fils, l’encourage, lui donne confiance en lui. Sa fiancée de l’époque, une gracieuse jeune fille, blanche aux cheveux clairs, a été frappée elle aussi par le manque d’assurance de ce grand gaillard, pourtant devenu la star du campus. Tout lui sourit, jusqu’à l’accident qui l’immobilise quelques mois… Son coach lui conseille de redoubler son année. Influencé par un entourage avide, il préfère tenter d’intégrer trop tôt la sélection. L’échec fait basculer son destin.

De retour des années plus tard à Milwaukee, c’est un homme contraint de collectionner les petits boulots, toujours harassé, que décrit son ex-femme, qui l’a quitté, pensant qu’elle méritait mieux. Et c’est Granny Martha, sa mère toujours aimante, toujours fidèle, qui a élevé ses trois enfants.
Аки Шимазаки 0.0
Tetsuo et Fujiko Niré vivent en maison de retraite depuis que, quelques années auparavant, Fujiko a commencé à développer des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Ils ont uni leurs destins il y a plus de quarante ans, par le biais d’un mariage arrangé, ont fondé une famille et ont vécu ensemble une vie tranquille.
Quand elle se réveille ce matin-là, Fujiko ne reconnaît pas son époux. D’abord en grand désarroi, Tetsuo entreprend finalement de reconquérir celle qui le prend désormais pour un étranger auquel elle se trouverait simplement fiancée.
Matthieu Mégevand 0.0
" Vous savez bien que je ne cherche rien d'autre, dit-il enfin. Ma musique, des boutons, un habit... c'est la même chose... tout ce qui est bon, véritable et beau... le reste... rien... " De Mozart, on dit qu'il est divin. Mais l'homme se vivait-il ainsi ? Toute sa courte vie durant, de l'enfant prodige qu'il a été jusqu'à sa mort prématurée, Wolfgang Gottlieb Mozart, de son vrai nom, a confié à la musique tout ce qu'il avait à dire. Avec ce livre, Matthieu Mégevand réussit le tour de force de " capturer " Mozart en peu de pages, de nous le faire " entendre " en littérature, et de révéler ainsi son inextinguible quête de beauté. Après La bonne vie, sur le poète Roger-Gilbert Lecomte, et Lautrec, sur le peintre, Tout ce qui est beau clôt avec Mozart une trilogie intitulée " créer-détruire " sur ces trois artistes incandescents morts en pleine fleur de l'âge.