Вручение 1916 г.

Страна: Франция Место проведения: город Париж, ресторан "Друан" Дата проведения: 1916 г.

Гонкуровская премия

Лауреат
Анри Барбюс 4.0
В этой книге, простой и беспощадно правдивой, рассказано о том, как люди разных наций, но одинаково разумные, истребляют друг друга, разрушают вековые плоды своего каторжного и великолепного труда, превращая в кучи мусора храмы, дворцы, дома, уничтожая дотла города, деревни, виноградники, как они испортили сотни тысяч десятин земли, прекрасно возделанной их предками и ныне надолго засоренной осколками железа и отравленной гнилым мясом безвинно убитых людей.
Лауреат
Adrien Bertrand 3.0

Адриен Бертран получил премию за роман "L'Appel du sol" в 2016 году, хотя книга была написана в 1914 году (вышла в 2016 году). Премию в 1914 году не присуждали из-за начала Первой мировой войны.

Le bataillon était engagé sur un plateau. On avançait lentement. La veille, l’étape avait été longue. Les hommes sentaient encore, après trois heures de repos, une quarantaine de kilomètres dans les jambes et, dans les reins, deux journées et deux nuits de voyage. En colonne, par compagnies et par sections, l’un derrière l’autre, les chasseurs se suivaient. Ils marchaient la tête basse, sans un mot, remontant parfois le sac sur les épaules, de leur geste mécanique. Leurs bérets émergeaient des seigles hauts et de l’avoine.

C’était la guerre. On marchait droit devant soi, sans rien épargner. Première dévastation : celle des cultures. Et ces paysans, respectueux hier des moissons ingrates, saisis déjà par cette ivresse de meurtre, prenaient plaisir au saccage des champs. Ils assouvissaient leur rancune pour les durs labours des hivers passés, pour les gerbes moisies par la pluie, pour toutes les infidélités de la terre. Quelques-uns, qui étaient réservistes, songeaient, en abattant avec le canon du fusil les céréales lorraines, aux blés qu’ils venaient d’abandonner, à la veille du fauchage, dans leurs hautes vallées des Alpes et sur leurs traversiers des Cévennes.

Il faisait encore presque nuit. Le silence était impressionnant. La plaine montait en pente douce jusqu’à une crête qui bornait l’horizon. À cet endroit, le ciel se frangeait d’une teinte orange. À mesure qu’on avançait la couleur s’élargissait, des nuances mauves remplaçaient le gris. Un brouillard humide encadrait la lisière de la forêt.