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30 апреля 2014 г. 23:45

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Простите мой французский...

"Rappelle-toi Barbara". Стихотворение Жака Превера, которое я в своё время учила наизусть. До этого мне казалось, что по-настоящему проникновенными, понятными для меня могут быть только стихи о войне на русском языке...

Qu'es-tu devenue maintenant...


"Кем ты стала сейчас?" Или, может быть, проще: "Кто ты теперь?"
В стихотворении нет знаков препинания, вообще. Оно, наверное, такое, что вопросы и восклицания излишни. Иначе пришлось бы после каждого слова ставить восклицательный знак.

Et il a crié ton nom Barbara Et tu as couru vers lui sous la plui...


"Он прокричал твоё имя. Барбара! И ты бросилась к нему под дождём..."
Это невозможно по-настоящему перевести. Речь струится как дождь, льётся, скатывается по крышам домов на землю. Здесь звучание неразрывно связано со смыслом слов.
Я рассказывала это стихотворение, и, мне кажется, необязательно было знать французский, чтобы понять, о чём оно. Выступать перед людьми достаточно тяжело, но в тот момент я волновалась не из-за того, что могу сбиться или что-то забыть...
А сейчас хочется никогда его не забывать. Самое важное нельзя доверять ни бумаге, ни электронике. Только память. А, если память подводит, значит, не так уж это и важно...

Само стихотворение

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi
Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien