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Napoli

9 мая 2014 г., 03:17

Dans la voiture de l’ami qui m’amène à [ma mère], je me rappelle qu’on n’écoutait pas de musique à la maison. La radio était faite pour les nouvelles. Et tout ce qu’on pouvait entendre, c’étaient les mêmes discours à la gloire du président. Cela allait si loin qu’on se demandait si lui-même ne souriait pas à toutes ces flatteries. On le comparait aux plus grands, et même une fois à Jésus. L’éclat de rire sec de ma mère à cet instant. Il fallait faire semblant d’écouter pour que les voisins ne puissent nous soupçonner de ne pas adhérer au régime, alors on montait le volume. Nos voisins faisaient pareil. Une atmosphère de paranoïa collective. C’était les années noires. On avait froid dans le dos chaque fois qu’on entendait de la musique classique. Tout de suite après on annonçait un coup d’État manqué, ce qui était toujours prétexte à un carnage. J’avais fini par associer la musique classique à la mort violente.